Horlogerie

Le double visage de l’horlogerie contemporaine

juin 2019

Dans une interview accordée récemment à Europa Star, l’ancien patron de Nestlé Peter Brabeck le dit clairement : « En horlogerie, c’est le segment du moyen de gamme qui va souffrir. Pour de la fonctionnalité pure, la montre connectée peut répondre à la demande. » L’homme d’affaires autrichien a choisi d’investir dans le pôle opposé, celui de l’art horloger mécanique de luxe, à travers HYT et plus récemment via le retour sur le devant de la scène de Carl Suchy & Söhne.

De fait, les chiffres à l’exportation montrent un effritement du segment le plus accessible de l’horlogerie traditionnelle, aux prises avec l’omniprésence de l’Apple Watch. L’art horloger est en revanche promis à une belle expansion : l’industrie suisse se replie de plus en plus sur la valeur au détriment du volume. Pour cela, elle se nourrit en permanence à deux « mamelles » différentes : un patrimoine émotionnel vintage issu de l’Histoire (le passé) ; le progrès technologique issu de la R&D (le futur). Ce n’est donc guère étonnant que le courant vintage soit plus fort que jamais – on l’a encore vu récemment avec les nouveautés 2019 du Swatch Group, comme les éditions commémoratives Speedmaster à l’occasion de l’anniversaire du premier pas sur la Lune ou la réédition du modèle Air Command des années 1950 chez Blancpain. Mais tout le monde n’a pas le patrimoine d’un Omega ou d’un Blancpain. C’est pourquoi, dans une optique de différenciation, beaucoup d’horlogers continuent à se nourrir à une autre « mamelle », l’innovation technologique. Cela alors même que la précision mécanique s’est vue dépasser depuis longtemps par la précision électronique, elle même surpassée depuis lors par la précision atomique.

A ce titre, un salon comme l’EPHJ est plus important que jamais – il commence d’ailleurs à être fréquenté par les collectionneurs euxmêmes, qui ne s’y trompent pas : là se trouve une partie considérable de l’avenir de la belle mécanique. Il est aussi cocasse de constater que les sous-traitants, plutôt mal traités et sous pression depuis le début du millénaire, sont désormais courtisés de toute part, entre le salon de référence EPHJ, la foire Baselworld qui annonce vouloir les reconquérir et le nouvel événement Technical Watchmaker Show. Tant mieux pour eux !

www.europastar.com/premiere

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